Dmitri Nabokov traducteur. Avec et sans Vladimir Nabokov

Montini C
2016-01-01

2016
978-2813002075
Dans son célèbre essai, De Différentes méthodes du traduire, F. Schleiermacher considère que le traducteur se trouve face à un choix nécessaire entre l’auteur et le lecteur : « Ou bien le traducteur laisse l’écrivain le plus tranquille possible et fait que le lecteur aille à sa rencontre, ou bien il laisse le lecteur le plus tranquille possible et fait que l’écrivain aille à sa rencontre » . Aujourd’hui, on définit « sourcière » la première approche et « cibliste » la seconde. F. Rosenzweig, de son côté, ne voit pas d’alternative, car le traducteur est « un serviteur de deux maîtres » . P. Ricoeur trouve une solution de ce dilemme dans ce qu’il appelle l’hospitalité langagière, hospitalité qui peut, en effet, comporter la trahison : « Amener le lecteur à l’auteur, amener l’auteur au lecteur, au risque de servir et de trahir deux maîtres, c’est pratiquer ce que j’aime appeler l’hospitalité langagière » . A. Berman reprend ces deux modalités, en insistant sur le rapport aux langues : « Sur le plan psychique le traducteur est ambivalent. Il veut forcer des deux côtés, forcer sa langue à se lester d’étrangeté, forcer l’autre langue à se dé-porter dans sa langue maternelle » . Pour W. Benjamin la traduction est forme et s’exprime à travers le mouvement du langage : « la traduction touche furtivement l’original et seulement au point infinitésimal du sens, pour suivre selon la loi de la fidélité son cours propre dans le mouvement du langage ». Il cite ensuite Pannwitz qui considère que « nos traductions, même les meilleures, partent d’un principe faux, elles cherchent à germaniser l’indien, le grec, l’anglais au lieu d’indianiser, d’helléniser et d’angliciser l’allemand. Elles ont un respect bien plus grand pour l’usage de leur propre langue que pour l’esprit de l’œuvre étrangère » . La position du traducteur ne va pas sans rappeler la métaphore du philosophe belge Geulincx : l’homme est libre de se promener de la proue à la poupe d’un bateau (le texte) qui suit son cours. En effet, le traducteur pourra choisir de ne pas perturber l’ordre établi en ignorant l’étranger, en l’absorbant dans sa propre langue et sa propre culture ou bien il pourra l’accueillir en lui permettant aussi de bouleverser son identité linguistique et culturelle. Dans cet essai il sera question de liberté et de contrainte dans les choix singuliers d’un traducteur, Dmitri Nabokov, au service du père Vladimir Nabokov.
Traduction, autotraduction, critique génétique, L'Enchanteur, The Enchanter, Vladimir et Dmitri Nabokov
File in questo prodotto:
Non ci sono file associati a questo prodotto.

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/20.500.12607/34307
 Attenzione

Attenzione! I dati visualizzati non sono stati sottoposti a validazione da parte dell'ateneo

Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
social impact