L’écrivain qui vit dans plusieurs langues, quelque soit la raison, a besoin de créer son asile dans la langue nouvelle. L’autotraduction est une des pratiques d’écriture dont se servent les écrivains multilingues pour inscrire leur expérience linguistique dans le corps de l’écriture tout en créant leur « demeure subjective » en deux langues. L’autotraduction « aboutie » présuppose la séparation entre les deux langues et les deux textes, mais le travail sur le processus d’écriture, celui grâce auquel le passage d’un texte à l’autre a lieu, montre que l’autotraduction est également « mise en rapport » (Berman, 1984) entre deux (voire plusieurs) univers linguistiques. Le travail de Dolores Prato que je définis l’entre-deux de l’autotraduction, du fait que ses deux variétés linguistiques, même si traduites, coexistent dans un seul texte, est en ce sens significatif. Son écriture témoigne d’une autotraduction inachevée où elle travaille moins sur des langues « véritablement étrangères », que sur les variétés diatopiques de la langue italienne dont elle montre l’écart incommensurable. En racontant son autobiographie, qui se crée à travers cette diglossie, où chaque mot traduit un univers différent, Prato ne raconte pas seulement son moi divisé, clivé, mais aussi une tranche de l’histoire linguistique de l’Italie.
S'autotraduire en traduisant les mots. La vie entre deux langues de Dolores Prato
MONTINI C
2015-01-01
Abstract
L’écrivain qui vit dans plusieurs langues, quelque soit la raison, a besoin de créer son asile dans la langue nouvelle. L’autotraduction est une des pratiques d’écriture dont se servent les écrivains multilingues pour inscrire leur expérience linguistique dans le corps de l’écriture tout en créant leur « demeure subjective » en deux langues. L’autotraduction « aboutie » présuppose la séparation entre les deux langues et les deux textes, mais le travail sur le processus d’écriture, celui grâce auquel le passage d’un texte à l’autre a lieu, montre que l’autotraduction est également « mise en rapport » (Berman, 1984) entre deux (voire plusieurs) univers linguistiques. Le travail de Dolores Prato que je définis l’entre-deux de l’autotraduction, du fait que ses deux variétés linguistiques, même si traduites, coexistent dans un seul texte, est en ce sens significatif. Son écriture témoigne d’une autotraduction inachevée où elle travaille moins sur des langues « véritablement étrangères », que sur les variétés diatopiques de la langue italienne dont elle montre l’écart incommensurable. En racontant son autobiographie, qui se crée à travers cette diglossie, où chaque mot traduit un univers différent, Prato ne raconte pas seulement son moi divisé, clivé, mais aussi une tranche de l’histoire linguistique de l’Italie.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.